La règlementation NIS2
La directive NIS2 vise à :
Renforcer la cybersécurité des infrastructures critiques dans les secteurs clés de l'économie de l'UE.
Harmoniser les règles de cybersécurité à l'échelle européenne.
Renforcer la supervision des entités essentielles et importantes, avec des obligations renforcées pour les grands acteurs des secteurs critiques.
Promouvoir la coopération entre les États membres, les autorités nationales et l'Agence de l'Union européenne pour la cybersécurité (ENISA).
Mettre en place des sanctions en cas de non-conformité, avec des amendes et des mécanismes de supervision.
Cette directive vise à harmoniser les règles de cybersécurité dans l'UE, en imposant des obligations aux entités publiques et privées des secteurs critiques. Elle met en place des mécanismes de coopération, de supervision et de sanction pour renforcer la résilience de l'UE face aux cybermenaces. Les sanctions peuvent aller jusqu'à 10 millions d'euros ou 2 % du chiffre d'affaires annuel mondial.
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9 Chapitres - 46 articles - 3 annexes
Chapitre I : Dispositions générales
Article 1 - Objet
La directive vise à établir un niveau commun élevé de cybersécurité dans l'UE pour améliorer le marché intérieur. Elle impose des obligations aux États membres, aux entités publiques et privées dans les secteurs critiques listés dans les annexes I et II.
Article 2 - Champ d’application
Elle s'applique aux entités publiques et privées définies dans les annexes I et II qui remplissent les critères de taille des entreprises moyennes ou supérieures, ainsi qu'à des entités critiques définies par les États membres.
Article 3 - Entités essentielles et importantes
La directive distingue deux types d'entités :
Essentielles : entités d'envergure majeure (ex. secteurs critiques de l'annexe I, fournisseurs de réseaux de communication, autorités publiques, etc.).
Importantes : autres entités significatives.
Les États membres doivent établir et maintenir à jour une liste des entités essentielles et importantes.
Article 4 - Actes juridiques sectoriels de l’Union
Les exigences sectorielles préexistantes au niveau de l'UE (ex. directives sectorielles) peuvent prévaloir sur la directive si elles garantissent un niveau de cybersécurité équivalent.
Article 5 - Harmonisation minimale
Les États membres peuvent adopter des mesures nationales plus strictes en matière de cybersécurité, à condition qu'elles soient compatibles avec le droit de l'UE.
Article 6 - Définitions
Il définit les principaux termes utilisés dans la directive, notamment :
Réseau et système d’information
Cybersécurité
Stratégie nationale de cybersécurité
Chapitre II : Cadres de gestion nationaux de la cybersécurité
Article 7 - Stratégie nationale en matière de cybersécurité
Chaque État membre doit adopter une stratégie nationale de cybersécurité. Cette stratégie fixe des objectifs et des priorités ainsi qu'un cadre de gouvernance.
Article 8 - Autorités compétentes et points de contact uniques
Chaque État membre doit désigner ou établir des autorités compétentes et un point de contact unique pour la cybersécurité, chargés de la mise en œuvre de la directive et de la coopération transfrontalière.
Article 9 - Cadres nationaux de gestion des crises cyber
Les États membres doivent désigner des autorités de gestion des crises cyber et adopter un plan national de réaction aux crises et incidents de cybersécurité majeurs.
Article 10 - Centres de réponse aux incidents de sécurité informatique (CSIRT)
Chaque État membre doit désigner un ou plusieurs CSIRT (Computer Security Incident Response Team) dotés des moyens nécessaires pour traiter les incidents de cybersécurité.
Article 11 - Obligations, capacités techniques et tâches des CSIRT
Cet article détaille les exigences et les tâches des CSIRT, y compris la surveillance des cybermenaces, la réaction aux incidents, et la coopération avec les acteurs du secteur privé.
Article 12 - Divulgation coordonnée des vulnérabilités et base de données européenne des vulnérabilités
Les États membres doivent désigner un CSIRT comme coordinateur pour la divulgation des vulnérabilités et l'ENISA doit établir une base de données européenne des vulnérabilités.
Article 13 - Coopération au niveau national
Il précise les modalités de coopération entre les autorités compétentes, les points de contact uniques et les CSIRT au sein de chaque État membre
Chapitre III : Coopération au niveau de l'Union et au niveau international
Ces articles décrivent la coopération entre les États membres, la Commission européenne et l'Agence européenne pour la cybersécurité (ENISA), notamment via la mise en place d'un groupe de coopération et d'un réseau de centres de réponse aux incidents (CSIRT).
Article 14 - Groupe de coopération
Un groupe de coopération est institué pour soutenir et faciliter la coopération stratégique et l'échange d'informations entre les États membres et renforcer la confiance.
Article 15 - Réseau des CSIRT
Un réseau des CSIRT est institué pour promouvoir une coopération opérationnelle rapide et efficace entre les États membres.
Article 16 - Le réseau européen pour la préparation et la gestion des crises cyber (EU-CyCLONe)
EU-CyCLONe est institué pour contribuer à la gestion coordonnée des incidents de cybersécurité majeurs et des crises au niveau opérationnel.
Article 17 - Coopération internationale
L'Union peut conclure des accords internationaux avec des pays tiers ou des organisations internationales pour leur participation à certaines activités du groupe de coopération, du réseau des CSIRT et d'EU-CyCLONe.
Article 18 - Rapport sur l’état de la cybersécurité dans l’Union
L'ENISA doit adopter un rapport bisannuel sur l'état de la cybersécurité dans l'Union, comprenant des évaluations des risques et des recommandations politiques.
Article 19 - Évaluations par les pairs
Le groupe de coopération établit une méthodologie pour les évaluations par les pairs afin de renforcer la confiance mutuelle et d'atteindre un niveau commun élevé de cybersécurité.
Chapitre IV : Obligations des entités essentielles et importantes
Article 20 - Gouvernance
Les organes de direction des entités essentielles et importantes doivent approuver et superviser les mesures de gestion des risques en matière de cybersécurité.
Article 21 - Mesures de gestion des risques en matière de cybersécurité
Les entités doivent appliquer des mesures techniques et organisationnelles pour gérer les risques en matière de cybersécurité.
Article 22 - Évaluations coordonnées au niveau de l’Union des risques pour la sécurité des chaînes d’approvisionnement critiques
Le groupe de coopération peut procéder à des évaluations coordonnées des risques pour la sécurité des chaînes d'approvisionnement critiques.
Article 23 - Obligations d’information
Les entités doivent notifier les incidents importants aux autorités compétentes dans un délai de 24 heures. Les incidents incluent les perturbations graves de services ou des atteintes à la sécurité des systèmes.
Article 24 - Recours aux schémas européens de certification de cybersécurité
Les États membres peuvent prescrire l'utilisation de produits, services et processus TIC certifiés dans le cadre de schémas européens de certification de cybersécurité.
Article 25 - Normalisation
Les États membres doivent encourager l'utilisation de normes et de spécifications techniques européennes et internationales pour la sécurité des réseaux et des systèmes d'information.
Chapitre V : Échange d'informations
Ce chapitre traite du partage d'informations entre les entités, les autorités nationales et les organismes de l'UE.
Article 26 - Compétence et territorialité
Il définit la compétence des États membres en matière de supervision des entités relevant du champ d'application de la directive.
Article 27 - Registre des entités
L'ENISA doit créer et tenir un registre des entités fournissant des services critiques, basé sur les informations reçues des points de contact uniques.
Article 28 - Base des données d’enregistrement des noms de domaine
Les États membres doivent imposer aux registres des noms de domaine de premier niveau et aux entités fournissant des services d'enregistrement de noms de domaine de collecter et de maintenir des données d'enregistrement exactes et complètes.
Chapitre VI : Évaluation de la cybersécurité et notification des incidents
Les États membres doivent évaluer l'efficacité des mesures de cybersécurité des entités essentielles et importantes. La notification des incidents fait l'objet de règles précises.
Article 29 - Accords de partage d’informations en matière de cybersécurité
Les États membres doivent faciliter la mise en place d'accords de partage d'informations en matière de cybersécurité entre les entités essentielles et importantes.
Article 30 - Notification volontaire d’informations pertinentes
Les entités peuvent notifier volontairement aux CSIRT ou aux autorités compétentes des incidents, des cybermenaces et des incidents évités.
Chapitre VII : Supervision et exécution
Article 31 - Aspects généraux concernant la supervision et l’exécution
Les États membres doivent veiller à ce que leurs autorités compétentes procèdent à une supervision efficace et prennent les mesures nécessaires pour assurer le respect de la directive.
Article 32 - Mesures de supervision et d’exécution en ce qui concerne les entités essentielles
Il détaille les pouvoirs des autorités compétentes pour superviser et faire respecter les obligations des entités essentielles.
Article 33 - Mesures de supervision et d’exécution en ce qui concerne les entités importantes
Il précise les mesures de supervision et d'exécution applicables aux entités importantes, basées sur une approche de contrôle ex post.
Article 34 - Conditions générales pour imposer des amendes administratives à des entités essentielles et importantes
Les États membres doivent veiller à ce que les amendes administratives imposées soient effectives, proportionnées et dissuasives.
Les entités qui ne respectent pas la directive peuvent être sanctionnées par des amendes. Les montants peuvent atteindre :
10 millions d’euros ou 2 % du chiffre d’affaires annuel mondial (pour les entités essentielles)
7 millions d’euros ou 1,4 % du chiffre d’affaires annuel mondial (pour les entités importantes)
Article 35 - Infractions donnant lieu à une violation de données à caractère personnel
Les autorités compétentes doivent informer les autorités de contrôle des violations de données à caractère personnel découvertes lors de la supervision ou de l'exécution.
Article 36 - Sanctions
Les États membres doivent déterminer le régime des sanctions applicables aux violations des dispositions nationales transposant la directive.
Article 37 - Assistance mutuelle
Les autorités compétentes des États membres doivent coopérer et se prêter mutuellement assistance pour la supervision et l'exécution des mesures de cybersécurité.
Chapitre VIII : Actes délégués et actes d'exécution
Article 38 - Exercice de la délégation
La Commission européenne est habilitée à adopter des actes délégués sur certains aspects de la directive.
Article 39 - Comité
La Commission est assistée par un comité pour l'adoption des actes d'exécution nécessaires à la mise en œuvre de la directive.
Chapitre IX : Dispositions finales
Article 40 - Réexamen
La Commission doit réexaminer périodiquement la directive et en faire rapport au Parlement européen et au Conseil, accompagnée, si nécessaire, de propositions législatives.
Article 41 - Transposition
Les États membres doivent transposer la directive dans leur droit national avant le 17 octobre 2024. Cela inclut l'adoption de mesures nationales garantissant le respect des obligations de la directive.
Article 42 - Modification du règlement (UE) no 910/2014
Il supprime l'article 19 du règlement (UE) n° 910/2014 avec effet au 18 octobre 2024.
Article 43 - Modification de la directive (UE) 2018/1972
Il supprime les articles 40 et 41 de la directive (UE) 2018/197
Article 44 - Abrogation
Cette directive remplace la directive NIS initiale de 2016. Les nouvelles dispositions renforcent les exigences de cybersécurité et introduisent de nouvelles obligations pour les entités essentielles et importantes.
Article 45 - Entrée en vigueur
La directive entre en vigueur le 18 octobre 2024. Elle s'appliquera à toutes les entités concernées, y compris celles classées comme entités essentielles et importantes au sens des articles précédents.
Article 46 - Destinataires
La directive s'adresse aux États membres de l'Union européenne, qui doivent veiller à sa transposition et à son application.
ANNEXE I - SECTEURS HAUTEMENT CRITIQUES
ANNEXE II - AUTRES SECTEURS CRITIQUES
ANNEXE III - TABLEAU DE CORRESPONDANCE
source : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32022L2555